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dans cette maison, il se rappeloit douloureusement, et son triste mariage, et la charmante inconnue qu’il avoit jadis rencontrée tant de fois. Ah ! disoit-il, c’étoit à celle-là qu’il eût fallu s’attacher, et mon cœur y étoit si bien disposé ! la manie des arts l’emporta sur ce sentiment !… Peut-être n’avoit-elle pas l’intelligence et la solidité d’esprit de madame de Vilmure, mais elle avoit sûrement de la raison, des goûts simples ; elle étoit charmante, elle n’eût point contribué à ma ruine, je l’aurois uniquement aimée !… Ces réflexions plongèrent Dalidor dans une profonde rêverie ; il étoit depuis plus de deux heures dans cette avenue, lorsqu’il vit de la fumée et de la flamme s’élever tout-à-coup de l’un des corps-de-logis du château ; aussitôt il se précipite vers la cour ; il étoit dix heures et demie ; il entre, il trouve tous les domestiques en mouvement ; il entre dans le château, et, après avoir traversé un grand vestibule, il aperçoit une femme à moitié déshabillée, dont les cheveux épars cachoient le visage, et qui tenoit dans ses bras deux petits enfans charmans