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lui resta qu’une pension viagère, que, par un marché qu’il se trouva trop heureux de conclure, son intendant lui assura en achetant la plus belle de ses terres. Dalidor, dans ces tristes conjonctures, fut privé, par sa faute, des utiles conseils de Mulcé. Depuis long-temps ce dernier étoit établi et fixé en province. Dalidor avoit entièrement négligé de répondre à ses lettres et à ses offres de service, et Mulcé avoit enfin cessé de lui écrire. Le règne de la terreur approchoit, et Dalidor, justement épouvanté, se sauva dans les pays étrangers. Il y végéta six ou sept ans ; au bout de ce temps il reçut à Londres un billet de Mulcé, qui ne contenoit que ces mots : « J’ai obtenu ton rappel ; viens sans délai, mon cher Dalidor, tu trouveras un asyle chez ton plus proche parent et ton plus ancien ami ; je vais t’attendre à Calais chez Dessaint. Mulcé ».

Combien ce billet toucha Dalidor ! quelle reconnoissance peut égaler celle d’un fugitif délaissé depuis long-temps, et qui reçoit inopinément une telle nouvelle et une semblable preuve de souvenir ! Ah !