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de la Chine, en vilains chats bleus et violets du Japon, en vieux laques, en magots, etc. Ambroisine, ayant prodigieusement contribué au dérangement de fortune de son mari, voulut aussi faire un sacrifice. Elle porta généreusement à Dalidor un énorme écrin rempli de ses bijoux ; mais Dalidor, trouvant les diamans métarmophosés en colliers de cheveux, en bracelets de cheveux, en chaînes et médaillons et chiffres de cheveux, et en semences de perles, ne profita point de la bonne volonté d’Ambroisine. Il lui rendit ces parures sentimentales, et il lui déclara qu’il étoit obligé d’aller passer un an dans une terre à quarante-deux lieues de Paris. Ambroisine consentit à le suivre, et cette résolution fut pour elle un grand effort de vertu ; elle ne s’aveugloit point sur l’étendue d’un tel sacrifice ; elle savoit trop qu’elle ne trouveroit en province ni bals élégans, ni spectacles, ni concerts !…

La santé d’Ambroisine, affoiblie déjà par les veilles et par une extrême dissipation, acheva de se détruire dans la solitude d’un vieux château. Ambroisine, honnête,