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donner de fêtes dans un jardin anglais ? On illuminoit les bois, on jouoit des pastorales, et l’on dansoit sur la pelouse ; on faisoit de la musique dans les temples, sur les rivières factices, et dans les grottes ; on chantoit des romances plaintives sur les tombeaux… L’intendant de Dalidor fit quelques représentations, et la chose la plus honnête pour un intendant : il eut la générosité de proposer à son maître d’examiner lui-même ses comptes et ses propres affaires ; mais Dalidor se garda bien d’accepter cette étrange proposition. Il assura l’intendant que ses occupations ne lui permettoient pas d’entrer dans ces petits détails, et l’intendant, en voyant à son maître une si parfaite insouciance sur ses intérêts, ne songea plus qu’aux siens.

Cependant, au bout de deux ans, les créanciers parvinrent jusqu’à Dalidor, et devinrent si pressans, que Dalidor fut obligé de vendre précipitamment, et à vil prix, sa collection de tableaux, et son cabinet de choses rares et précieuses, car il étoit curieux, et il avoit dépensé beaucoup d’argent en porcelaines craquelées