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Sur la fin d’octobre, on quitta la campagne ; et de retour à Paris, Dalidor vit sa maison se remplir de musiciens. Lorsqu’il alloit chercher sa femme dans son cabinet, il entendoit de l’antichambre les sons harmonieux des violons, des flûtes et des cors ; car Ambroisine possédoit tous les genres ; elle chantoit des romances avec la guitare ; elle jouoit des variations sur le piano, et des concerto sur la harpe ; elle exécutoit des morceaux d’ensemble et d’effet ; il lui falloit bien des instrumens à vent, et souvent même des timbales. Quand Dalidor, bravant tout ce vacarme, entr’ouvroit la porte du cabinet, Ambroisine qui vouloit lui ménager le plaisir de la surprise, le renvoyoit impitoyablement, les répétitions lui étoient interdites, et l’on en faisoit presque tous les jours. Ambroisine, toujours enfermée, toujours répétant, étoit semblable aux personnes qui jouent la comédie en société ; elle étoit d’une nullité parfaite dans le commerce intime, et elle faisoit acheter une représentation brillante, par quinze jours ou trois semaines de vide ou d’ennui.