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mais il n’apprit rien, cette femme ne la connoissoit point. Dalidor demanda tristement le portrait d’Ambroisine ; on le décrocha, et il l’emporta.

La noce se fit le lendemain, et le beau portrait fut placé dans le salon des nouveaux mariés : Dalidor ne le regardoit jamais qu’en soupirant ; il se rappeloit à l’instant même le portrait si différent auquel il l’avoit comparé !…

Les premiers mois du mariage de Dalidor se passèrent dans des fêtes dont les talens d’Ambroisine firent tout l’agrément ; ensuite on partit pour la campague, et pendant deux mois on vécut en famille. Ambroisine étoit bonne, honnête, obligeante, mais tellement concentrée dans la musique, et attachant à cet art une telle importance, qu’elle n’avoit pas une idée suivie qui n’y fût relative : dénuée d’ailleurs de toute espèce d’instruction et n’ayant que fort peu d’esprit naturel, elle étoit à la fois insipide et frivole avec pédanterie ; car pour louer un excellent musicien, elle se servoit des expressions que l’on ne doit employer que pour faire l’éloge d’un vrai phi-