Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 4, 1806.djvu/429

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur le groupe des Graces qui sembloient vouloir couronner Ambroisine : Non, dit-il, ce ne sont point là les Graces ; non, elles sont toutes réunies ici ;… et ses regards se tournèrent sur le portrait de l’inconnue. Il tomba dans une profonde rêverie ; il admira l’espèce de fatalité qui lui faisoit rencontrer cette inconnue ou son image, et de manière à connoître parfaitement ses mœurs, son caractère, et son genre de vie. Je ne sais, se disoit-il, si je dois la rencontrer encore ; mais je suis certain que son souvenir m’obsédera toute ma vie ;… et je n’ai même pas été remarqué d’elle ! Ce regard si timide et si doux ne s’est jamais arrêté sur moi un seul instant ! Elle me reverroit sans me reconnoître !… Eh ! qu’importe ? Nous n’étions pas nés l’un pour l’autre ; sa rusticité ne pourroit s’accorder avec mes goûts ; j’ai fait le choix qui pouvoit seul me convenir et me rendre heureux… Mais je voudrois que cette jeune personne fût ma sœur…

Dans ce moment, la femme du peintre entra. Dalidor ne put s’empêcher de lui faire quelques questions sur l’inconnue ;