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la profane et l’altère ; ce charme délicat s’évapore si l’on sait qu’on le possède !… La voilà, moins belle, moins touchante qu’elle ne m’est apparue dans le marché de Strasbourg, sur le boulevard et dans cette église ; mais cette image est la sienne, et lui ressemble !… Par quelle magie ce tableau dépare-t-il tous ceux qui l’environnent !… En disant ces paroles, il regardoit le brillant portrait d’Ambroisine, et la figure de cette dernière lui parut presque ridicule ; il trouva son attitude emphatique, son expression forcée, l’affectation et la prétention gâtoient jusqu’à l’ordonnance du tableau. Cette parure éblouissante, cette harpe magnifiquement dorée, ce pupître élégant, ces Muses, formoient un contraste singulier avec la simplicité de la jeune ménagère, entourée de ses petits poulets, et souriant de l’avidité avec laquelle ils se jetoient sur le grain qu’elle répandoit à pleines mains. Dalidor, en comparant ces deux figures, sentoit vivement qu’il est un charme mille fois plus puissant que les talens et la célébrité… Et fixant un œil dédaigneux