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pas d’apercevoir Dalidor. Au bout d’une demi-heure, la vieille dame la prit sous le bras et l’emmena. Dalidor se leva avec l’intention de la suivre ; mais, s’arrêtant tout-à-coup : À quoi bon ? se dit-il en soupirant ; à quoi bon ? J’en aime une autre… J’ai donné ma parole !… Cette pensée lui serra le cœur… L’inconnue disparut ; Dalidor retomba sur une chaise ; il resta quelques minutes dans une espèce d’anéantissement ; ensuite, rassemblant toutes ses forces, il sortit brusquement de l’église. Il conserva, pendant plusieurs jours, un fonds de tristesse invincible, que les talens d’Ambroisine n’eurent même pas le pouvoir de dissiper. Vers ce temps, Mulcé, son cousin, absent depuis quelques mois, revint à Paris. Dalidor lui fit part de son mariage projeté, et lui vanta avec emphase les talens d’Ambroisine. Comment ! dit Mulcé, à vingt ans, chanter, danser si bien, et jouer de quatre ou cinq instrumens, cela est effrayant ; car elle n’a donc jamais eu le temps de penser. Quelle culture a pu recevoir son esprit ? — Quoi donc ! croyez-vous qu’on ne puisse