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et qui ne paroissoit pas être d’une condition vulgaire, reçût une semblable éducation. On l’envoie au marché, se disoit-il, on veut n’en faire qu’une bonne ménagère ; elle n’aura ni talens, ni célébrité ; quel dommage !…

Dalidor retourne à Paris, et deux mois après, on lui propose un excellent mariage ; mais la famille qui, sur sa bonne réputation, consentoit à le prendre pour gendre, n’étoit pas amusante. Dalidor ne put supporter l’ennui de cet intérieur ; il déplut au père et à la mère, et le mariage fut rompu.

Un matin que, dans les premiers jours du printemps, il se promenoit sur le boulevard, il vit à cinquante pas devant lui, une jeune personne, d’une taille parfaite, qui lui tournoit le dos ; elle étoit accompagnée d’une femme âgée ; elle s’arrêta devant un vieillard aveugle, assis à terre, auquel elle donna queques pièces de monnoie ; et Dalidor, en s’approchant, l’entendit dire, avec un son de voix d’une douceur inexprimable : C’est tout ce que j’ai… Ô ma bonne, donnez-moi six francs pour