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rant, comme il avoit de l’esprit, qu’il aimoit la littérature et qu’il faisoit de jolis vers de société, on le regardoit dans le monde comme le jeune homme le plus distingué par son instruction. Il avoit un grand fonds de paresse, c’est-à-dire qu’il ne pouvoit s’appliquer à des choses arides et sérieuses ; cependant il n’étoit jamais oisif, il avoit même beaucoup d’activité, mais il étoit incapable de l’employer utilement.

L’hiver s’écoula rapidement dans les plaisirs et la dissipation ; mais au printemps Dalidor fut obligé de partir pour son régiment, qui, cette année, étoit en garnison à Strasbourg. Il retrouva dans cette ville son cousin Mulcé, qui, voulant entrer dans la robe, continuoit l’étude du droit avec ardeur et l’application la plus constante. Mulcé ne fut pas une ressource pour Dalidor : ces deux jeunes gens avoient des goûts et des caractères si différens, qu’ils ne pouvoient se convenir, et durant quatre mois ils ne se virent que trois ou quatre fois. Dalidor, comme la première année de son service militaire, se fit estimer par ses mœurs, gagna l’amitié de ses cama-