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instituteurs, mais il les méprisa avec toute la sincérité de l’ignorance et de la vanité, qui, réunies ensemble, sont toujours malignes, impertinentes et présomptueuses, sur-tout à seize ans, où l’expérience et l’usage du monde n’ont pu réprimer encore cet orgueil ridicule.

Mulcé, orphelin dès le berceau, avoit un tuteur d’un esprit solide, et qui, livré aux affaires et à l’agriculture, ne faisoit sortir son pupille que pour le mener à la campagne, et lui faire partager ses travaux. Il lui disoit : « Il faut, mon ami, devenir un homme, et ne s’occuper que de ce qui est véritablement utile. De bonnes études sont nécessaires ; appliquez-vous avec vos maîtres, apprenez avec moi à conduire une maison et une ferme, et vous serez un jour heureux et sage ».

Les deux cousins sortirent du collége à dix-sept ans ; Mulcé partit pour Strasbourg où son tuteur l’envoya apprendre le droit ; Dalidor fut chez son père, on lui donna un maître de danse et un maître de dessin : un an après il débuta dans le monde et à la cour ; on lui trouva de la grâce et des ta-