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AUTEUR.

voir qu’il ne rencontroit point Natalie parce qu’il la fuyoit, et qu’il n’évitoit de parler d’elle, que parce qu’il craignoit de prononcer son nom.

Madame de Nangis et Natalie, loin de se haïr, prenoient l’une à l’autre un intérêt sincère ; aimer le même objet, est une sorte de sympathie, quand on ne se dispute rien. Elles se rencontroient toujours avec plaisir. Elles ne se lassoient point de s’examiner mutuellement ; l’intérêt de cet examen étoit sans mélange d’inquiétude pour Natalie ; elle pensoit : Voilà celle qu’il a passionnément aimée ! Madame de Nangis éprouvoit une émotion moins douce, elle se disoit : Voilà celle qu’il aimera peut-être !…

Vers le milieu de l’hiver, madame de Nangis se fit inoculer ; elle fut assez malade, quoique sans aucun danger. Natalie envoya savoir de ses nouvelles tous les jours, et elle en alla demander elle-même plusieurs fois à sa porte. Madame de Nangis reparut dans le monde, on la trouva changée ; elle l’étoit en effet ; elle avoit perdu cette fleur de beauté