Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 3, 1802.pdf/98

Cette page a été validée par deux contributeurs.
94
LA FEMME

reconnoissance, par la persévérance qu’il avoit mise à la séduire, et sur-tout, par le sentiment qu’elle avoit pour lui, l’idée de la plonger dans le désespoir, en l’abandonnant, lui faisoit horreur. Cependant, il connut qu’il n’est point de procédés qui puissent suppléer l’amour. Malgré sa conduite et tous ses soins, madame de Nangis, depuis l’aventure de la romance, étoit mécontente de lui et jalouse de Natalie ; mais avec la douceur qui la caractérisoit, elle ne se plaignoit point, elle souffroit en silence. Elle savoit, d’ailleurs, qu’elle ne pouvoit accuser ni Germeuil, ni Natalie qui ne se voyoient point ; mais un instinct secret, un pressentiment qui ne trompe jamais en amour, l’avertissoit que Natalie étoit la seule femme qu’elle dût craindre. L’amour est fait pour être indiscret, la prudence même le trahit. Germeuil croyoit bien cacher son penchant pour Natalie en l’évitant toujours en ne parlant jamais d’elle ; mais ces précautions mêmes décelaient ses sentimens. Des yeux clairvoyans pouvoient