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AUTEUR.

estime, que ma rivale ne peut posséder à tous égards ; enfin, de m’assurer, dans son ame, tous les sentimens qui survivent aux passions. Alors un jour nous nous retrouverons, et l’amitié fidelle consolera, dédommagera deux cœurs que l’amour n’osa réunir !… — Voilà un plan bien romanesque, puisse-t-il ne point exposer votre repos !… À la fin de cette conversation, Natalie renouvela à sa sœur la promesse qu’elle s’étoit faite à elle-même d’éviter Germeuil, et elle la tint fidèlement. Germeuil la seconda dans ce dessein, et Natalie ne manqua pas de faire remarquer à sa sœur une conduite qui méritoit en effet son estime, parce qu’elle étoit sincère et dénuée de toute espèce d’artifice. Germeuil avoit une belle ame ; l’amour pour lui n’étoit jamais séparé de l’amitié la plus vive et la plus tendre. Natalie avoit fait sur son esprit et sur son cœur une si profonde impression, qu’il la regardoit comme la seule personne qui eût pu l’enchaîner solidement ; mais, attaché à madame de Nangis par tous les liens de la