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LA FEMME

S’il étoit capable d’abandonner celle qu’il a séduite, qu’il a perdue, je le haïrais. — N’a-t-il pas déjà trahi ses sermens, il vous aime mieux qu’elle ? — Est-on maître de son cœur ? — Feriez-vous cette question pour justifier l’inconstance d’une femme ? — Non, la trahison d’un amant peut seule faire excuser notre changement. — Convenez-donc que la plus grande folie pour nous est de nous attacher passionnément à des êtres qui ne peuvent avoir nos scrupules et notre délicatesse, et qui ne sauroient partager nos sentimens ? Cette pauvre madame de Nangis, si jeune, si belle, si sensible, elle est déjà trompée !… — Non, elle ne l’est point, il nous aime toutes deux, mais madame de Nangis est sa maîtresse intime, je ne suis dans son cœur qu’au second rang… — Il n’a rien obtenu de vous, et par conséquent vous régnez souverainement sur son imagination. Voilà, croyez-moi, la première place en amour ; mais, ma chère Natalie, quels sont vos projets ? — D’étonner celui que j’aime, d’obtenir sa plus parfaite