Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 3, 1802.pdf/91

Cette page a été validée par deux contributeurs.
87
AUTEUR.

soupoit ; on le pria de rester, il accepta. Natalie jouoit au wisk, Germeuil se plaça derrière sa chaise et s’y fixa. Natalie, alors, se trouva dans une situation où l’observateur le moins habile a souvent pénétré des secrets semblables à celui qu’elle vouloit cacher. Après avoir parlé un instant à Germeuil, Natalie eut un excellent maintien, elle ne tourna point la tête pour regarder Germeuil, elle affecta même un grand redoublement d’application à son jeu ; mais, sans qu’elle s’en apperçût, son visage, sa taille, et toute sa personne, cédant au pouvoir d’une attraction irrésistible, se penchèrent et se dirigèrent doucement de ce côté. Ses yeux devinrent plus brillans, son ton plus animé ; elle parut plus obligeante, plus aimable pour tous les indifférens ; n’osant s’adresser à l’objet qui l’inspiroit, elle saisissoit naturellement tous les moyens indirects de l’intéresser. C’est un art que les femmes sur-tout doivent connoître ; elles sont presque toujours forcées de dissimuler le desir et le projet de plaire. Germeuil aimoit le wisk, Natalie