Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 3, 1802.pdf/86

Cette page a été validée par deux contributeurs.
82
LA FEMME

convenable, car j’avoue que j’aime tellement cette chanson, que j’ai passé hier toute la journée à la chanter. Le salon où l’on étoit donnoit sur une terrasse qui aboutissoit à un petit bois, et la nuit étoit si belle, que l’on passa dans le jardin en attendant le souper. Natalie prit madame de Nangis sous le bras et l’entraîna dans le bois ; et là, sans aucun préambule, elle lui conta comment elle avoit dérobé le brouillon de la romance. Elle ajouta qu’elle verroit le lendemain, de grand matin, Lémann, le musicien qu’elle avoit cité dans l’histoire qu’elle venoit d’inventer ; qu’elle étoit sûre de lui, et qu’elle le préviendroit, afin qu’il ne démentît point ce qu’elle avoit dit. Madame de Nangis, rassurée par cette explication, embrassa tendrement Natalie, qui, vivement émue, la serra dans ses bras. Elles s’attendrirent l’une et l’autre ; Natalie sentit combien madame de Nangis devoit éprouver d’embarras de voir son secret le plus intime, découvert par une personne qu’elle connoissoit si peu. Il y eut un moment de silence ; en-