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LA FEMME

la même gaîté, conte rapidement que la surveille, elle avoit chanté cette romance à Lémann (un musicien), et que sachant par lui le goût de madame de Nangis pour les romances, elle l’avoit chargé de la lui offrir de sa part, mais en lui demandant le secret. Ainsi, madame, dit le comte à Natalie, puisque le manque de mémoire de madame de Nangis nous a privés du plaisir d’entendre votre romance, nous espérons que vous voudrez bien nous dédommager. Cette proposition fit frémir Germeuil et madame de Nangis, ils ignoroient combien elle étoit peu embarrassante pour Natalie. Quelle fut leur surprise lorsque Natalie se levant pour prendre sa harpe, répondit qu’elle y consentoit, mais à condition, ajouta-t-elle, que vous ne jugerez l’auteur que lorsque madame de Nangis saura la romance et la chantera, car elle ne peut avoir de prix que dans sa bouche. En disant ces mots, Natalie se mit à sa harpe ; elle étoit animée et embellie par le double désir d’étonner et de surpasser sa rivale, et par le plaisir de faire à-la-