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LA FEMME

et elle se rappela que la livrée du père de la comtesse de Nangis étoit aussi de cette couleur ; elle admira d’ailleurs l’élégance de la maison, elle n’avoit rien vu à son gré d’aussi bon goût. Tandis que les personnes qui l’accompagnoient examinoient encore les tableaux, elle passa seule dans le cabinet d’étude de Germeuil ; elle y vit un bureau, des livres, un piano. Elle s’approcha du piano et prit un papier de musique posé sur le pupitre, c’étoit une romance écrite de la main de Germeuil ; car Natalie reconnut l’écriture du billet qu’elle venoit de recevoir. Elle lut avec avidité les paroles suivantes :

Qui ? moi ! je troublerois ta vie ;
Périsse plutôt mon amour !
Puisses-tu rompre sans retour
Ta douce chaîne qui nous lie,
Si l’intérêt de ton bonheur
Cesse un instant, ô mon amie !
D’être le premier de mon cœur.

Prononces-tu l’arrêt terrible
Qui doit m’exiler loin de toi ?
Ah ! tu peux parler sans effroi,