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LA FEMME

l’orgueil, reprit Natalie, pour trouver cette réponse obligeante… Je ne puis cependant me rétracter, dit Germeuil en souriant, et je vous assure, poursuivit-il d’un ton plus sérieux, que depuis deux jours que je vous étudie, vous me causez un étonnement inexprimable. Vous m’avez permis de vous parler sans détour et sans tournure… — Oui, la confiance en dispense, et vous m’en inspirez beaucoup. — Combien ce langage est touchant dans votre bouche !… — Du moins il est sincère. À ces mots, Germeuil attendri, pour toute réponse, prit la main de Natalie, et la serra dans les siennes, avec l’expression du respect et de la reconnoissance. Il y eut un moment de silence, et Germeuil reprenant la parole : Oui, dit-il, vous êtes une femme inexplicable… Quoi ! je n’ai pu remarquer en vous la moindre occupation de votre figure. Quoi ! pas une nuance de coquetterie ! pas le plus léger désir de montrer de l’esprit, ou de briller par vos talens !… Si c’est là de la modestie, elle est parfaite ; si c’est de l’art, il est sublime.