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LA FEMME

gramme qu’à un éloge. Sans doute on peut être éloquent, tête-à-tête avec ce qu’on aime, tandis que dans la conversation, il faut, non les talens d’un orateur, mais de la grace et du naturel. Dans la société la plus intime, un entretien agréable est toujours un dialogue vif et serré ; l’usage du monde en exclut les longues tirades, et par conséquent, l’éloquence ; rien n’y doit être approfondi, la variété, la légéreté en font le charme, la force y seroit déplacée, elle n’y paroîtroit que de la pesanteur.

L’homme le plus recherché, le plus brillant de la société, ne pouvoit manquer de fixer l’attention d’une femme dont la vanité dirigeoit tous les mouvemens ; aussi Germeuil avoit-il fait la plus vive impression sur le cœur de Mélanide ; elle connoissoit sa passion pour la comtesse de Nangis ; il lui parut glorieux de triompher d’un tel attachement. Elle étoit jeune et veuve, elle possédoit une grande fortune ; elle forma le projet de rendre Germeuil infidèle, et elle n’éprouva pas la moindre inquiétude sur le