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Mlle DE CLERMONT

maudissant la grandeur et la représentation, se mit à sa toilette. Le soin fatigant et forcé de se parer avec somptuosité, et l’idée de passer la journée au milieu d’une cour nombreuse, lui causoient une peine d’autant plus insupportable, que cette répugnance étoit mêlée de remords. Elle ne craignoit plus pour la vie de M. de Melun ; mais enfin il avoit reçu ses sacremens, il étoit blessé, souffrant et dans son lit : tandis qu’elle, loin de pouvoir remplir les devoirs d’une tendre épouse, se trouvoit forcée de se livrer à une dissipation que n’eût osé se permettre, dans une telle circonstance, la femme de la société la plus légère et la moins sensible.

Avant de sortir de son appartement, elle envoya chercher la marquise de G***, qu’elle avoit priée d’aller chez M. de Melun. La marquise vint, et dit qu’elle n’avoit pu voir M. de Melun, le chirurgien ne permettant à qui que ce fût d’entrer dans sa chambre, parce qu’un parfait repos étoit absolument nécessaire dans son état. Quoique cette