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Mlle DE CLERMONT

La marquise soupçonnoit depuis longtemps les sentimens de mademoiselle de Clermont, et le funeste événement de ce jour ne laissoit aucun doute à cet égard ; mais la confidence du mariage lui causa la plus grande surprise : elle pensa, comme la princesse, que les paroles de M. le Duc donnoient le droit de se flatter d’obtenir le consentement du roi. Elle enchanta la princesse par l’enthousiasme avec lequel elle parla des vertus de M. de Melun et de son amitié pour lui. À la cour, un ami élevé au plus haut rang devient si cher !… On s’y passionne si naturellement pour les gens heureux !… D’ailleurs, la marquise étoit si flattée de recevoir la première confidence d’un tel secret !… À cinq heures du matin, on renvoya chez M. de Melun, et la confirmation des bonnes nouvelles rendit la conversation encore plus animée.

Sur les sept heures, mademoiselle de Clermont se décida à prendre quelque repos. Elle dormit deux heures d’un sommeil agité par des rêves effrayans qui la réveillèrent en sursaut, et qui