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Mlle DE CLERMONT

selle de Clermont, baignée de pleurs, s’éloigna précipitamment. Elle sortit de la cour, et entra dans un bois épais où l’attendoit M. de Melun. Aussi-tôt qu’elle entendit le son de sa voix, toutes ses craintes, ses scrupules et ses noirs pressentimens s’évanouirent ; la fierté du rang fut oubliée, l’amour seul parla et sa voix enchanteresse et puissante fut seule écoutée.

On arriva près de la chaumière. Grand Dieu ! s’écria M. de Melun en l’appercevant, c’est sous un toit de chaume que l’on va célébrer l’hymen de celle qui seroit faite pour occuper un trône, et qui vient de refuser la main d’un souverain… Ah ! reprit mademoiselle de Clermont, ce n’est point au milieu de la pompe des palais, c’est ici que résident le bonheur et la sainte fidélité.

On entra dans la chaumière ; Claudine l’avoit ornée des plus belles fleurs. Le chapelain s’étoit muni d’une pierre consacrée, que l’on posa sur une table de marbre, et qui servit d’autel. Deux domestiques, le mari de Claudine, et le valet-de-chambre de M. de Melun, ser-