fuirai point celui que je puis aimer sans crime, sans réserve et sans remords, s’il ose braver, ainsi que moi, les plus odieux préjugés… À ces mots, le Duc regarda mademoiselle de Clermont, avec surprise et saisissement… J’ai vingt-deux ans, poursuivit-elle, les auteurs de mes jours n’existent plus ; l’âge et le rang de mon frère ne lui donnent sur moi qu’une autorité de convention, la nature m’a fait son égale… je puis disposer de moi-même… Grand Dieu ! s’écria le Duc, que me faites-vous entrevoir ?… — Eh quoi ! ferois-je donc une chose si extraordinaire ? Mademoiselle de Montpensier n’épousa-t-elle pas le duc de Lausun ? — Que dites-vous ? ô ciel… — Le plus fier de nos rois n’approuva-t-il pas d’abord cette union, ensuite, une intrigue de cour lui fit révoquer ce consentement, mais il l’avoit donné. Votre naissance n’est point inférieure à celle du duc de Lausun ; mademoiselle de Montpensier ne fut blâmée de personne, et il ne lui manqua, pour paroître intéressante à tous les yeux, que d’être jeune et sur-
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Mlle DE CLERMONT