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Mlle DE CLERMONT

persuada que, pour la réputation de mademoiselle de Clermont, il étoit nécessaire qu’il lui parlât en particulier, qu’il convînt avec elle d’un plan de conduite… Il étoit poursuivi, depuis long-temps, du désir d’obtenir un rendez-vous secret ; il fut heureux de trouver et de saisir un prétexte de le demander. Ne pouvant dire à mademoiselle de Clermont que quelques mots à la dérobée, et toujours en présence de témoins, forcé même, alors, de composer son visage, et de ne parler à celle qu’il adoroit qu’avec la froide expression du respect et de la sérénité, il auroit donné la moitié de sa vie pour s’entretenir avec elle une heure sans contrainte.

La proposition du rendez-vous troubla mademoiselle de Clermont, sans l’effrayer : elle avoit pour M. de Melun, autant de vénération que d’amour… Après beaucoup de réflexions, elle se décida à mettre la jeune laitière dans sa confidence, et à voir, un matin, M. de Melun, dans la chaumière de Claudine. On attendit que M. le Duc fît une course à Versailles,