Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 3, 1802.pdf/444

Cette page a été validée par deux contributeurs.
440
Mlle DE CLERMONT.

sité, loin de combattre sa passion, ne pouvoient que la lui rendre plus chère : mais M. de Melun, accablé d’un remords pressant, que le redoublement d’amitié de M. le Duc rendoit insupportable, résolut enfin de faire à ses principes le sacrifice entier de son amour. L’ambassade d’Angleterre étoit vacante, il se détermina à la demander. Avant de faire cette démarche, il écrivit à mademoiselle de Clermont une longue lettre dans laquelle il peignit, avec autant de vérité que de sensibilité, tout ce qu’il avoit éprouvé ; il détailloit les raisons qui le décidoient à se bannir pour cinq ou six ans : elles avoient toutes pour objet, et pour but les intérêts, la gloire et la tranquillité de mademoiselle de Clermont. Cette lettre et ce nouveau projet excitèrent dans le cœur de mademoiselle de Clermont autant de ressentiment que de douleur ; elle appela la fierté à son secours : c’est, en amour, une grande ressource pour les femmes, et qui souvent pour elles fut le supplément de la raison. La princesse irritée, jura d’oublier M. de Melun, et