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Mlle DE CLERMONT

sur son esprit. Mademoiselle de Clermont interrompit la marquise, pour la questionner sur mademoiselle de B***, dont la marquise fit le plus grand éloge. Mademoiselle de Clermont promit de parler à son frère.

Cette conversation causa à mademoiselle de Clermont la plus vive inquiétude qu’elle eût encore éprouvée. Mademoiselle de B*** aimoit le duc de Melun, et elle étoit charmante… Tous les amis de M. de Melun alloient se réunir pour lui vanter tous les avantages de cette alliance…… Quels tristes sujets de réflexion ! Hélas ! se disoit-elle, le sentiment qu’on suppose à mademoiselle de B*** (et qu’elle n’a peut-être pas) intéresse tout le monde ; et moi, pour éviter un blâme universel, je dois cacher celui que j’éprouve : cependant, je suis libre aussi… Que je le hais, ce rang funeste où le sort m’a placée !… M. de Melun lui-même croit que je dois à cette odieuse élévation le sacrifice d’un attachement si tendre ; il croiroit, en y répondant, se rendre indigne de l’inspi-