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Mlle DE CLERMONT

flexions fut d’écrire à mademoiselle de Clermont une lettre conçue en ces termes :

« Je ne fus hier qu’un insensé, je serois aujourd’hui le plus vil des hommes si je n’éprouvois pas des remords trop fondés !… Je voudrois pouvoir racheter de mon sang un aveu téméraire et coupable ; mais du moins je jure, par le sentiment même qui m’égare, de garder désormais un silence éternel… Ce sentiment, devenu tout pour moi, me rendra tout possible ; je m’éloignerai, mais pour votre repos, pour votre réputation, pour votre gloire. Je souffrirai, mais pour vous !… Ah ! remplissez vos nobles destins, et ne me plaignez point !… Depuis six mois, ai-je une autre existence que la vôtre ? ne m’est-il pas aussi nécessaire de vous voir l’objet de l’admiration universelle, que de m’estimer moi-même !… Soyez paisible, soyez heureuse, et mon sort ne sera-t-il pas encore assez beau !… »

Il venoit de terminer cette lettre, lorsqu’on entra pour lui annoncer un page de mademoiselle de Clermont, qui entra