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Mlle DE CLERMONT

retourner au château, M. de Melun s’approcha de M. le Duc, feignit d’avoir reçu des lettres qui demandoient sa présence à Paris, prit congé de lui, et s’arracha de Chantilly avec autant de peine que de courage. Son départ acheva d’éclairer mademoiselle de Clermont sur le sentiment qui la dominoit. Livrée à l’ennui, aux regrets, à ce vide affreux qu’on éprouve loin du seul objet qui peut intéresser, elle n’avoit qu’une consolation, l’espoir de son retour, et qu’un plaisir, celui de guetter à sa fenêtre toutes les voitures qui arrivoient dans la cour. Lorsqu’elle étoit dans le salon, elle entendoit toujours la première le bruit d’un carrosse, ou celui d’un fouet de poste. Alors, les yeux attachés sur la porte, elle attendoit avec saisissement que cette porte s’ouvrît, et quelle désagréable sensation lui causoit la personne qui entroit (quelqu’aimable qu’elle fût) ; ce n’étoit pas M. de Melun !… Quinze mortels jours se passèrent de la sorte, le Duc ne revint point ; mais enfin le voyage finit. Avec quelle joie secrète mademoiselle de Cler-