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Mlle DE CLERMONT

vit le duc de Melun qui paroissoit vouloir s’éloigner. « Quoi donc ! dit-elle en rougissant, c’est moi qui fais fuir M. de Melun ? J’ai craint, reprit le Duc, de troubler la solitude que mademoiselle semble chercher… En la partageant, interrompit-elle vivement, vous la rendrez plus agréable ». M. de Melun ne répondit que par une inclination respectueuse. Il garda le silence un instant… Enfin, prenant la parole, d’une voix basse et tremblante : « Mademoiselle, dit-il, n’a-t-elle point d’ordres à donner pour Paris ? je compte partir à la pointe du jour ». Dans la disposition où se trouvoit mademoiselle de Clermont, elle ne s’attendoit guère à ce départ précipité. L’adieu de M. de Melun la rendit interdite, et ne pouvant dissimuler entièrement ce qui se passoit dans son ame : « il faut donc, reprit-elle en le regardant fixement, que vous ayez des affaires bien importantes, pour nous quitter d’une manière si brusque et si imprévue » ? Le ton interrogatif de mademoiselle de Clermont indiquoit une question. Le Duc