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Mlle DE CLERMONT.

moins sa galanterie, elle ne l’avoit distingué que par son austérité, par sa raison et par la droiture de son caractère ; ce qu’elle éprouvoit n’étoit donc point de l’amour. Elle cherchoit un ami vertueux et sévère, comment s’alarmer d’un attachement de ce genre ? C’est ainsi qu’elle raisonnoit. Par la suite, l’expérience lui apprit que, pour les femmes, le véritable amour n’est autre chose qu’une amitié exaltée, et que celui-là seul est durable. C’est pourquoi l’on peut citer tant d’exemples de femmes qui ont eu de grandes passions pour des hommes avancés en âge, ou d’un extérieur repoussant.

Mademoiselle de Clermont fit les plus tristes réflexions sur la conduite du duc de Melun ; depuis plus de trois semaines, elle voyoit en lui, malgré son extrême réserve, tous les signes et tous les vrais témoignages d’un vif intérêt ; il n’entroit jamais dans le salon sans la chercher des yeux, ses regards se portaient sur elle avec une expression particulière ; le son de sa voix étoit plus doux en lui par-