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Mlle DE CLERMONT

à quoi vous serviroit de l’entendre, vous ne le comprendriez pas. Je pensois, reprit M. de Melun, qu’ici sur-tout l’Amour devroit se condamner au silence, car toutes les expressions dont il pourroit se servir, ont été profanées par le mensonge et par la flatterie… Voilà bien la réflexion d’un misanthrope, s’écria la marquise. Du moins, reprit mademoiselle de Clermont, ce n’est pas celle d’un courtisan, mais elle est bien triste, ajouta-t-elle et soupirant. Cet entretien fut interrompu par un homme d’un certain âge, d’un extérieur noble et respectable, qui s’approcha de mademoiselle de Clermont pour lui présenter un placet. Cette princesse étoit naturellement affable ; d’ailleurs, la présence de M. de Melun ajoutoit infiniment à sa bonté. L’inconnu fut accueilli avec tant de bienveillance, qu’il entra dans quelques détails. Sa demande étoit parfaitement fondée, c’étoit une grâce qui dépendoit de M. le Duc ; il s’agissoit de réparer une injustice qui ravissoit à cet homme toute sa fortune ; mais l’affaire ne souffroit aucun retardement, il falloit