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Mlle DE CLERMONT

pousser ; des louanges que le respect et le bon goût prescrivent de ne donner jamais qu’indirectement : (eh ! comment refuser celles-là ?) que de séductions réunies ! est-il possible, à vingt ans, de se défendre de l’espèce d’enivrement qu’elles doivent inspirer ?

Mademoiselle de Clermont avoit toujours aimé la lecture ; ce goût devint une passion à Chantilly. Tous les jours, après dîner jusqu’à l’heure de la promenade, on faisoit, dans un petit cabinet séparé, une lecture tout haut des romans les plus intéressans, et communément, c’étoit mademoiselle de Clermont qui vouloit se charger de cet emploi. Souvent l’excès d’un attendrissement qu’elle ne pouvoit modérer, la forçoit de s’interrompre ; on ne manquoit jamais, dans ces occasions, de louer sa manière de lire et sa sensibilité. Les femmes pleuroient, les hommes écoutoient avec l’expression de l’admiration et du sentiment ; ils parloient tout bas entr’eux, on les devinoit ; quelquefois on les entendoit ; (la vanité a l’oreille si fine.) On recueilloit les mots ravissant !