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LE JOURNALISTE.

lui dit-il, vous demander quelques renseignemens sur un émigré qui est depuis six mois chez vous ; comment se conduit-il ? quelles sont ses opinions ? — Quel émigré ? répondit Mirval, je n’ai chez moi que M. de Clainville, un homme de lettres… — Précisément, c’est cela. Il est inutile de faire le discret, je sais tout. Il est ici sans surveillance, on m’en demande une pour lui, et je suis disposé à l’accorder, si vous me répondez de lui. — Je réponds de Clainville comme de moi-même… — Dites donc de Delmas ; pourquoi ce mystère ? encore une fois, on m’a tout dit ». Dans ce moment, quelqu’un entrant dans la chambre, s’avança vers le ministre. Ce dernier quitta Mirval, et le laissa pétrifié d’étonnement, immobile à la même place, où il resta plusieurs minutes sans voir et sans entendre ce qui se passoit autour de lui. Enfin, se remettant un peu de son trouble, il se rapprocha du ministre pour le conjurer de lui accorder un moment d’entretien. Ils passèrent dans un cabinet, et Mirval, par les plus pressantes prières,