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LE BONHOMME.

la grêle et le vent continuoient avec violence, ce qui ne m’empêcha pas de chercher dans tous les coins de la promenade, mais en vain ; enfin, après avoir parcouru les Champs-Élysées pendant plus d’une heure, je m’avisai d’entrer dans un café, et le premier objet qui frappa mes regards, fut la petite fille assise sur le comptoir, et mangeant un biscuit. Je sentis presque, en la voyant, ce que j’aurois éprouvé si elle eût été mon enfant ; car je me représentai toute la joie de sa pauvre mère dont les cris douloureux retentissoient encore à mon oreille… Je pris l’enfant dans mes bras, et je volai à la voiture ; je criai de loin : La voilà, la voilà, et bien portante !… La mère (car cette femme, quelle qu’elle soit, est mère, et sous ce rapport elle est si touchante !) la mère ouvre la portière, s’élance vers moi en disant : Le ciel vous récompensera. Nous remontons dans la voiture ; je la reconduisis chez elle. Lorsque nous fûmes dans son salon, elle fit allumer du feu pour sécher un peu mes habits ; car j’étois crotté et mouillé de la