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LE BONHOMME.

de lilas ; elle reconnut la voix de M. de Férioles, elle s’arrêta, et elle recueillit ces paroles : Un plus long entretien paraîtroit singulier, mais soyez tranquille, ma chère Marthe, et allez rejoindre vos compagnes. À demain matin, à six heures. On cessa de parler, Isaure sortit précipitamment du bois ; elle rencontra sur la pelouse, mademoiselle Cléry à laquelle elle demanda la clef de sa chambre. Mademoiselle Cléry ne put s’empêcher de lui parler de la rose mousseuse que portoit Marthe : Je vous ordonne là-dessus, dit Isaure, un silence absolu ; si vous en dites un seul mot à Jacquot, je vous renverrai. En prononçant ces paroles, elle quitta précipitamment mademoiselle Cléry, elle rentra dans la maison, s’enferma dans son appartement, fit dire qu’elle étoit malade, et qu’elle alloit se mettre au lit. L’indignation d’Isaure égaloit sa surprise : Quoi ! disoit-elle, c’est donc là cet homme que j’ai préféré, cet homme que je croyois si vertueux, auquel je supposois, pour moi, un sentiment si tendre, et que j’aimais de si