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LE BONHOMME.

tinua la belle affligée, ni naissance, ni fortune ; mais du moins mes ennemis mêmes ne peuvent s’empêcher de rendre justice à ma conduite et à la pureté de mes mœurs. J’épousai secrètement M. de Melsange, il y a quatre ans ; nous déclarâmes enfin notre mariage au mois de mai dernier, et presqu’aussi-tôt une lettre de cachet a privé mon mari de sa liberté ; il est enfermé à Saumur… — Ô ciel ! s’écria M. de Férioles. La jeune dame mit son mouchoir sur ses yeux, et resta quelques minutes dans cette attitude ; ensuite, reprenant la parole : Oui, monsieur, dit-elle, et l’on veut faire casser mon mariage, parce que mon mari, qui est officier, n’a point demandé l’agrément du roi. Ayant passé ma vie en province, je n’ai ni amis, ni protection… J’ai appris, par hasard, que vous étiez parent du ministre de la guerre, et votre réputation de bonté m’a fait espérer que vous voudriez bien vous charger de présenter mon placet au ministre… N’en doutez pas, madame, interrompit vivement M. de Férioles ; disposez de moi en toutes choses… J’aurai