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LE JOURNALISTE.

de bonne foi, me servir ; mais quel fruit retirerois-je de sa générosité, s’il est vrai que Célestine ait en secret disposé de son cœur ?

Malgré sa jalousie et ses craintes, Mirval n’oublia point qu’il avoit promis à Célestine de faire un extrait favorable du dernier ouvrage de Delmas ; il se mit sur-le-champ à y travailler, pour cette fois inspiré par un sentiment bien contraire à la malignité. Il loua l’ouvrage avec enthousiasme, et par conséquent avec beaucoup d’exagération ; il ne pensoit ni à son parti, ni à ses amis, ni même au public ; il n’écrivoit que pour Célestine : à chaque éloge il se disoit : Célestine sera contente de cette phrase, et c’est ainsi que l’ouvrage fut apprécié et jugé. Après avoir fini son extrait, il le lut à Clainville, qui se mit à rire, en disant : la prévention et la haine ont d’abord dicté votre journal, maintenant c’est l’amour qui en dispose ; son style est plus doux, mais êtes-vous plus impartial ?… Au reste, poursuivit-il, avez-vous bien réfléchi aux suites de cette démarche ? Songez-vous