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LE BONHOMME.

voit y danser ; car, ajouta-t-elle, ce sera le jour de ma fête. — Comment ! reprit la jeune fille, nous avons donc la même patronne ? — Oui, répondit Isaure, Marthe est aussi mon nom de baptême. Cette découverte fit le plus grand plaisir à la jeune paysanne, qui promit bien d’être exacte à se trouver au rendez-vous. En rentrant à la maison, madame de Béville, en menant Isaure dans un cabinet, lui demanda si elle avoit parlé à M. de Férioles. Isaure, interdite, fut un moment sans répondre ; mais l’idée d’expier sa conduite passée par une franchise courageuse, la ranima tout-à-coup : Oui, ma tante, répondit-elle. — Eh bien ! renonce-t-il à ses prétentions ? — Non, ma tante, il les conserve. — Et qui peut les autoriser ? — Mon aveu ; j’aime M. de Férioles ; je sens toute l’inconséquence de ma conduite… Avant d’avoir connu M. de Férioles, je me suis engagée légèrement, c’est un grand tort ; ma jeunesse peut-être l’excuse. La crainte, la honte, et sur-tout la vanité, m’ont fait depuis commettre beaucoup d’imprudences ; mais je connois enfin mon