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LE BONHOMME.

qué, et la reine sourit en regardant la duchesse d’un air d’intelligence. Isaure voit que la reine est dans son secret ; la reine sait qu’elle aime le chevalier, la reine s’intéresse à cette union !… Isaure enivrée n’a plus sa tête !… Elle est si fière du sentiment qu’elle éprouve, que loin de songer à le cacher, elle l’affiche autant que le permet la bienséance ; loin de dissimuler son trouble, elle l’exagère. Pendant la course, tout le monde la regarde, elle s’en apperçoit, et elle en est charmée ; elle a les yeux attachés sur le superbe coursier de son amant, elle allonge la tête avec affectation, pour suivre tous ses mouvemens ; elle a la bouche entr’ouverte, elle paroît respirer à peine… Comme son émotion semble naïve et naturelle ! comme elle a l’air d’oublier qu’elle est dans une assemblée imposante !… Isaure n’a jamais rien affecté, voilà son coup d’essai ; qui le croiroit en la voyant ! mais rien n’instruit et ne forme dans ce genre, comme quelques minutes d’enivrement éprouvé à la cour.

Cependant, les chevaux approchent