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LE BONHOMME.

ce qu’il pensoit. Cette bonté si rare qui se manifestoit avec tant de simplicité, surprit Isaure et l’attendrit… Après quelques minutes de silence : « Sûrement, dit-elle, ce domestique vous est bien attaché. — C’est le frère cadet d’un excellent paysan que j’emmenai en Amérique où j’ai eu le malheur de le perdre. — Celui-ci feroit mieux de rester à la campagne. — Il a voulu me servir et me suivre. — Je lui sais gré de savoir apprécier un tel maître. — C’est un honnête et bon garçon ». Cet entretien fut interrompu par l’arrivée du chevalier d’Osambry qui revenoit de Versailles… On se leva de table ; tout le monde s’empressa d’accueillir le chevalier : on faisoit foule autour de lui. Il s’empara de la conversation, en débitant toutes les nouvelles de Versailles. On fut bientôt instruit de tout ce que le roi, la reine et les princes lui avoient dit ; mais il mettait beaucoup d’art dans cette partie de son récit ; il ne parloit de ce qui le regardoit, que d’une manière légère sans paroître y attacher le moindre prix, et n’ayant l’air de citer