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LE BONHOMME.

excellentes, qui faisoient rire aux éclats la duchesse et madame de Béville ; Isaure rioit aussi, mais de moins bon cœur : plus l’instant de revoir son père approchoit, plus elle perdoit de sa gaîté et de son intrépidité ; elle repoussoit en vain une importune idée de devoir qui lui faisoit sentir combien il étoit peu convenable de tourner ainsi en ridicule un homme annoncé comme l’ami de son père. Enfin, à deux heures et demie, on entendit une voiture entrer sous la voûte ; la duchesse courut à une fenêtre, et vit à travers la jalousie le baron et M. de Férioles, descendre de voiture. Je vous annonce, dit-elle en éclatant de rire, que M. de Férioles a un habit de lustrine, et une veste bordée de graines d’épinards… De lustrine ! répéta madame de Béville en riant ; eh bien ! je m’y attendois, car on portoit encore des habits de lustrine il y a huit ans : c’est l’habit qu’il avoit à son premier voyage. — Ce qui prouve, ajouta le chevalier, une économie très-louable. — Paix ! dit madame de Béville, j’entends entrer dans l’anti-