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LE BONHOMME.

amener à dîner M. de Férioles, qu’elle se représentoit comme le personnage le plus gauche et le plus ridicule. « Oh ! que je voudrois lui déplaire, disoit-elle à sa femme-de-chambre, et sans la présence de mon père, comme je me moquerois de lui !… — Mais monsieur le baron ne sera pas toujours avec lui… — Oh ! alors je ne me gênerai pas, je tâcherai d’être bien impertinente »… À deux heures, Isaure se rendit dans le salon ; elle y trouva sa tante, le chevalier d’Osambry, et la duchesse d’Osambry, cousine du chevalier, coquette surannée, amie intime de madame de Béville et du chevalier, et, par conséquent, dans la confidence de tous les secrets. On ne parla que de M. de Férioles, et pour s’en moquer impitoyablement. On ne le connoissoit point, on ne l’avoit jamais vu ; mais ne suffisoit-il pas de savoir qu’il n’avoit fait dans toute sa vie, qu’un seul voyage de dix ou douze jours à Paris, et que jamais un homme du nom de Férioles n’avoit paru à la cour ? Le Chevalier ne tarissoit point en plaisanteries