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DÉROUTÉ.

vous-même, mon cher Rosenthall. J’étois absent alors ; à mon retour, Léontine me parla de vous avec un intérêt qui me surprit. Songez, Léontine, lui dis-je en souriant, que ce jeune homme est un étranger ; oui, reprit-elle, mais je lui ai entendu dire qu’il est son maître, que nul lien ne l’attache à son pays, et qu’il est décidé à s’établir où son cœur se fixera. D’après cet entretien, je m’adressai à un banquier de mes amis, qui écrivit en Allemagne pour prendre les informations les plus détaillées sur ce jeune comte de Rosenthall, qui interessoit si vivement Léontine. Vous sortîtes de prison, vous vîntes ici, et bientôt ma chère Léontine m’avoua, sans détour, le secret que j’avois si facilement pénétré. Léontine, faisant elle-même un choix, me tiroit d’un grand embarras ; mais son bonheur m’étoit aussi cher que le mien, et je résolus d’employer tout le pouvoir que donnoit l’amitié, pour l’engager à se conduire avec une parfaite prudence. Je lui demandai instamment de se laisser guider par moi, et de ne rien vous dire