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L’AMANT

les portes. Alors ils se regardèrent tous les trois en silence, et Léontine, avec des yeux pleins de larmes, sourit. Eh bien ! dit Rosenthall, finirez-vous de me tourmenter, de déjouer mes conjectures, de bouleverser toutes mes idées ?… J’ai dit mon secret à Melcy (car je n’en ai qu’un) ; me confierez-vous enfin les vôtres ? Oui, Rosenthall, répondit Léontine, vous allez tout savoir. Avez-vous sur vous mon bracelet de ruban bleu ? — Oui, il est dans mon porte-feuille, le voici. Ouvrez-le, reprit Léontine. « À ces mots, elle lui présenta des ciseaux en rougissant. Rosenthall, vivement ému, découd d’une main tremblante le petit sachet : mais quel fut son attendrissement, en n’y trouvant que des feuilles desséchées de tubéreuse, avec un petit morceau de satin bleu, sur lequel étoient brodés en or ces deux mots : Rosenthall et Léontine !… Rien ne pouvoit être suspect dans cette découverte, c’étoit à la fois l’aveu le plus doux et la preuve la plus convaincante d’un sentiment aussi délicat que tendre et passionné. Rosenthall, transporté,