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L’AMANT

reparoissoit qu’avec un visage triste et abattu. Elle se plaignit beaucoup de son bras, mais Rosenthall l’observoit trop bien pour prendre le change ; il vit clairement qu’elle étoit profondément affectée par une cause morale ; il résolut d’épier toutes ses démarches, et le soir, il découvrit par son valet-de-chambre, que Victorine sortoit continuellement du château, qu’elle revenoit très-essoufflée, parloit à sa maîtresse, et puis ressortait encore. La journée s’étoit passée de la sorte. Rosenthall fit suivre Victorine, et il acquit la certitude qu’elle n’alloit qu’à la petite maison isolée. Voulant absolument percer ce mystère, Rosenthall redoubla de vigilance. Tout le monde s’en alla à huit heures du soir. Il remarqua que Léontine, plus agitée que jamais, tâcha de l’engager à se coucher de bonne heure, en lui proposant, ainsi qu’à son père, une partie de promenade pour le lendemain de grand matin. Darmond se couchoit tous les jours à onze heures, Léontine, pour hâter ce moment, se retira à dix. Rosenthall, persuadé que Léontine