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L’AMANT

Léontine, toujours pâle et chancelante, étoit prête à s’évanouir ; Rosenthall la retint dans ses bras, et la pressant contre son sein : Oh ! pourquoi cet effroi, s’écria-t-il, quels que soient mes sentimens, devez-vous me redouter ?… En disant ces paroles, il la posa sur un siége de gazon. Léontine fut un moment sans parler, ensuite elle prit la boucle de cheveux et le papier, lut encore ce qu’on y avoit tracé, et regardant fixement Rosenthall avec des yeux remplis de larmes : le croyez-vous, Rosenthall ? demanda-t-elle. Ô puissance d’un regard !… qui sait aimer, la connoît ! qui sait aimer, comprendra que Rosenthall, malgré sa fureur et sa jalousie, malgré l’évidence, retomba dans le doute, et qu’il s’écria : Je méprise tous ces gages mystérieux, ils sont trompeurs, puisqu’ils vous accusent ; oui, Léontine, je ne veux croire que vous !… Il tenoit la main de Léontine, il sentit serrer la sienne, il vit couler les plus douces larmes… Dans cet instant, on apperçut de loin Melcy, Léontine rougit, et mit promptement