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L’AMANT

précipitamment la colline, dans l’intention de courir après Victorine et de la questionner vivement ; il l’apperçut de loin, redoubla de vitesse, il étoit près de l’atteindre, lorsqu’il remarqua sur sa trace un papier blanc ; il s’approche, s’arrête, ramasse le papier, une belle boucle de cheveux blonds y étoit attachée ; Rosenthall retourne le papier, et lit ces mots : À Léontine, la bien-aimée de mon cœur… Grand Dieu, s’écria Rosenthall, et Melcy a des cheveux noirs !… et ces cheveux sont d’un autre !… Il n’en put dire davantage, la rage le suffoquoit. Il s’appuya contre un arbre et y resta cloué plus de dix minutes ; ensuite, sortant de cet état de stupeur, il faut le connoître, dit-il, ce nouveau rival, ce rival préféré !… En disant ces paroles, il retourna sur ses pas et fut droit à la maison que Victorine venoit de quitter. Quand il en fut prés, il vit qu’un grand écriteau collé sur la porte, annonçoit que la maison étoit à louer. Il pensa que l’amant inconnu avoit profité de cette circonstance pour se cacher dans cette maison,